La fin de l’année 2022 marque l’heure du chacun pour soi des deux côtés de l’Atlantique.
- Ainsi les subventions massives décidées par le président américain dans une grande loi économique et sociale appelée « Inflation Reduction Act » (IRA) vont doper l’industrie américaine, notamment la filière des véhicules électriques, dans une optique à la fois de relance de l’emploi industriel, de transition énergétique, et de compétition technologique avec la Chine.
- Et le plan allemand de 200 milliards d’euros pour plafonner les prix de l’énergie et soulager les consommateurs allemands face à l’inflation galopante crée une distorsion énorme en termes de concurrence au sein même de l’Union Européenne.
Dans ce contexte, les opérations de fusions et acquisitions vont être bien plus difficiles à bâtir et à financer, tant en equity qu’en dette, en 2023 :
- Il va être plus difficile de justifier des opérations de M&A devant les conseils d’administration : les Discounted Cash Flows (flux de trésorerie disponibles actualisés) ne vont plus pouvoir s’élever à l’infini, les valeurs terminales sembleront incertaines, le coût du capital va croître quand les taux sans risque augmentent sur la base des progressions de taux des banques centrales et que les risques explosent, notamment dans les pays émergents.
- Il faudra justifier le catastrophisme éclairé et modéliser des scenarii catastrophes et non plus construire des scenarii à l’optimisme toujours plus fort.
- Les multiples de valorisation, en croissance constante entre fin 2010 et 2021 sont révisés à la baisse sous l’effet de la baisse des cours de bourse, première source de comparables.
- Les CLOs (collateralized loan obligations) se ferment. Les banques, sous l’œil attentif des banques centrales, doivent les garder à leur bilan et seront donc plus prudentes dans un contexte de PGE plus incertain. Les banques ne pourront plus prendre en 2023 les mêmes risques qu’avant.
- Les IPOs (introductions en bourse) sont bien plus rares, rendues plus problématiques par la volatilité des marchés financiers.
- Le Private Equity subit la baisse des valeurs techs et fait preuve de davantage de prudence.
En complément, les opérations de fusions et acquisitions vont être plus difficiles à exécuter en 2023 :
- Les autorités de la concurrence durcissent leurs positions des 2 côtés de l’atlantique, par le biais de lunettes nationalistes. C’est le règne du ici et maintenant comme l’illustre le rejet de la fusion M6/TF1.
- Les opérations sont également bloquées par les états dans la protection de la souveraineté.
- Enfin pour les sociétés cotées, il faut convaincre les marchés financiers dans un temps beaucoup plus long, rendu nécessaire pour avoir le feu vert des autorités (10/18 mois). Pendant ce temps long, la volatilité des marchés peut bouleverser des parités de fusion, rendre la situation financière de chaque partie très différente de ce qu’elle était au moment de l’annonce de l’opération, augmentant ainsi le risque d’avortement des opérations.
Ce contexte dessine les grandes tendances des 3 prochaines années en matière de fusions et acquisitions :
- La restructuration d’entreprise voit venir son grand retour avec davantage d’entreprises en difficulté du fait de l’explosion des coûts de l’énergie, des matières premières, du transport, des salaires et des augmentations de prix de vente rendues difficiles par manque de pricing power. Une tempête parfaite qui va fragiliser de nombreuses entreprises.
- Les acheteurs américains reviennent en force, dopés par la force du dollar, du coût de l’énergie (aujourd’hui au 1/4 du coût de l’énergie en Europe, un écart qui va se creuser en Europe), la maîtrise de l’inflation américain alors que l’inflation européenne est exogène (insensible à la hausse des taux d’intérêt).
- Ce contexte tend à favoriser des acteurs du Private Equity grâce à la raréfaction des financements. Même si la fermeture des CLOs n’est pas une bonne nouvelle, les fonds d’investissement ont une forme de gestion très efficace, très réactive, libérée de l’opinion publique (non cotée), sous le radar des autorités. C’est un avantage compétitif qui compense la réduction de l’effet de levier.
- Les opérations de croissance externe vont se concentrer sur petites et moyennes entreprises. C’est la fin pour un temps des grands LBOs (leverage buy out) / des grandes opérations transfrontalières.
Dans les 3 prochaines années, les opérations de fusions et acquisitions vont se concentrer sur les petites et moyennes transactions, plus faciles à financer et à exécuter.
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